Le « lean management », un atout pour l’expertise comptable
Le lean management consiste à organiser toute l’activité de l’entreprise autour de la satisfaction des besoins du client. Comment cela se passe-t-il concrètement dans un cabinet d’expertise comptable et pour quels résultats ? L’éclairage de Laure Honnorat-Abella, consultante spécialisée dans le « lean » au service des professions réglementées.
Lors de la troisième révolution industrielle, le lean management, dont l’aspect le plus connu est la production « juste à temps », a permis à Toyota de fabriquer en continu des véhicules toujours plus nombreux et personnalisables. Le constructeur japonais est devenu, grâce à cette méthode, l’une des entreprises industrielles les plus puissantes au monde.
La peur de ne plus être identifiés comme les experts du chiffre
« Dans les cabinets d’expertise comptable, encore trop de collaborateurs et d’associés continuent de penser qu’ils travaillent pour l’administration fiscale », constate Laure Honnorat-Abella. La première étape vers le lean management consiste donc à identifier les besoins des véritables clients que sont les chefs d’entreprise. « On découvre alors qu’ils veulent des centrales d’achats, des solutions marketing, un écosystème business… Des aspects que l’expert-comptable s’interdit parfois d’investir, de peur de ne plus être identifié comme l’expert du chiffre ».
Les 5 piliers du Lean Management |
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1. La valeur attendue par le client. 2. La chaîne de valeur pour répondre à cette attente du client. 3. Fluidifier la chaîne de valeur en supprimant les obstacles. 4. Tirer les flux, de la demande vers la production. 5. L’amélioration continue des processus. |
Certains processus sont inévitables, mais produisent peu de valeur. Il faut donc les transformer. Par exemple : au lieu de simplement informer le client que la TVA à payer s’élève 2 000 euros, on peut ajouter que ce montant reflète une augmentation de la sous-traitance ces derniers mois, qu’il sera prélevé le 15 du mois prochain et que l’entreprise dispose a priori d’une trésorerie suffisante pour le règlement… Deux lignes de plus qui font toute la différence !
Impliquer les équipes dans la chasse aux « mudas »
Une fois définies la valeur attendue et la chaîne de valeur pour répondre à cette attente, Laure Honnorat-Abella part à la chasse aux « mudas » : les gaspillages et les inefficiences. Une démarche à mener conjointement avec les équipes : « leur capacité à trouver la “petite bête”, nous la focalisons sur leurs processus internes. Ils sont ensuite d’autant plus engagés dans la conception et la mise en place de solutions ».
À la clé, un gain de productivité généralement estimé à 30 %. Pour autant, il ne s’agit pas de confier à chaque collaborateur 30 % de dossiers en plus ! D’ailleurs, le chiffre d’affaires n’est pas toujours la meilleure boussole. « Quand vous envoyez un collaborateur chercher des pièces chez le client, même si vous le facturez, il est perçu comme un coursier, alors qu’il pourrait profiter de cette visite pour présenter des indicateurs clés… s’il a eu suffisamment de temps pour les préparer » ajoute la consultante.
Les mudas du cabinet d’expertise comptable classique
La philosophie « lean » identifie 7 mudas : surproduction, surprocess, stocks inutiles, transports inutiles, mouvements inutiles, erreurs et non-qualité, temps d’attente.
De son côté, Laure Honnorat-Abella a observé au fil du temps trois mudas récurrents chez les experts-comptables : « la sur-qualité du collaborateur zélé, le manque de standards et la non-application des standards existants ». À bon entendeur…