Innovation : pourquoi et comment organiser un « produit minimum viable » (MVP) ?
Le MVP ou « Minimum Viable Product » désigne un processus d’innovation qui a largement fait ses preuves. Il suppose un état d’esprit et une démarche d’expérimentation, faite de « petits pas » qui ont l’avantage de transformer le cabinet de manière progressive mais tout aussi efficace ! Les explications d’Olivier Mégean, président de demain.ai, une start-up qui facilite l’intégration des solutions d’intelligence artificielle dans les ETI et les PME.
MVP ou POC ?
Entre ces deux sigles, il existe une différence fondamentale, explique Olivier Mégean : « le POC (Proof of Concept), ou preuve de concept, vise à valider la faisabilité théorique d’une idée, tandis que le MVP est, comme son nom l’indique, viable dès la fin de l’expérimentation ». Il s’agit concrètement d’obtenir un produit ou un service qui fonctionne « dans la vraie vie », quitte à ce qu’il se limite, pour commencer, à un périmètre réduit.
Ainsi, l’expert-comptable et ses collaborateurs peuvent-ils, avant d’automatiser entièrement leurs processus, mettre en place très rapidement un robot logiciel qui envoie les convocations et les relances. Cette philosophie de l’objectif progressif est essentielle parce que l’intelligence artificielle réalise plutôt une somme de micro-tâches qu’un gros projet complexe, et aussi parce que le succès rapide encourage et motive l’équipe.
Le MVP en pratique : automatiser le traitement des factures
– Sélectionner un échantillon de 1 000 factures auquel on applique un algorithme de reconnaissance automatique du numéro de facture.
– Ajuster l’algorithme sur le deuxième tiers de l’échantillon, puis le dernier tiers.
– Tester des factures hors échantillon. La reconnaissance étant validée, mettre en place un processus de robotisation qui va copier-coller le numéro de facture là où on en a besoin.
Une fois ce MVP effectué, on peut étendre le projet à d’autres éléments de la facture.
3 règles d’or pour réussir son MVP
Tout d’abord, mettre les métiers – et non la technique – au cœur du sujet, notamment pour définir ses priorités. Comment arbitrer entre un chatbot qui répond aux questions des clients et la vérification automatique des pièces fiscales ? « Il faut aller au plus simple et au plus rapide », tranche Olivier Mégean.
Deuxième règle, instaurer des délais courts. « Au-delà de 3 à 6 mois, c’est trop long, les équipes se découragent » précise l’expert en intelligence artificielle. De plus, cela signifie parfois que le sujet n’est pas au cœur des priorités métier. Pour gagner du temps, il est recommandé de travailler dans le Cloud et d’opter pour des algorithmes « sur étagère », déjà pré-entraînés et disponibles en open source.
Enfin, Olivier Mégean rappelle que l’investissement unitaire doit rester raisonnable. « Une enveloppe budgétaire de 5 000 à 15 000 euros pour automatiser une fonctionnalité reste acceptable eu égard aux bénéfices induits ».
Des avantages concrets et chiffrés
– Automatiser la rédaction de reportings financiers en langage naturel permet de diviser par 4 le temps de travail des analystes.
– Pour la création de contenus longs et sophistiqués, l’intelligence artificielle effectue 80 % du travail et déleste d’autant l’expert qui peut se consacrer à des activités à plus forte valeur.