L’Open Innovation, des opportunités pour les experts-comptables aussi !
Longtemps vues comme un simple vecteur d’image pour grandes entreprises en mal d’innovation, les startups deviennent un réel catalyseur d’opportunités business grâce à de nombreux projets d’Open Innovation. En quoi cela consiste-t-il concrètement et comment le modèle peut-il être profitable à tout type d’organisation ? L’éclairage de Paul Jeannest, expert du sujet.
Co-président de la Boussole des entrepreneurs et CEO fondateur de RaiseLab, la structure qui facilite la collaboration entre start-ups et grands groupes, Paul Jeannest est un hyperactif des startups. Il compte à son actif plus de 50 projets d’Open Innovation.
Créer un partenariat de talents
« L’innovation est essentielle pour toute entreprise, quelle que soit sa taille ou son secteur d’activité. C’est ce qui lui permet de croître et de rester compétitive sur son marché. Mais il faut distinguer l’innovation interne, menée par les entreprises disposant de leur propre service R&D, de l’innovation externe, autrement appelée Open Innovation », précise Paul Jeannest.
Cette dernière consiste à penser son projet en allant chercher systématiquement acteurs et compétences en dehors des murs de l’entreprise : start-ups, freelances, associations, écoles, autre entreprise… L’objectif ? Créer un partenariat avec les talents – individuels ou collectifs – qui possèdent les savoir-faire nécessaires manquants en interne.
L’Open Innovation consiste aussi – et surtout – à résoudre des problèmes concrets. Ainsi, la SNCF, dans un objectif d’amélioration de la sécurité de son personnel lors du nettoyage des rails, a fait appel à une start up pour créer une solution de géolocalisation des trains comme des collaborateurs et éviter tout accident.
Comment mener un projet d’Open Innovation ?
Selon Paul Jeannest, la réussite d’un projet d’Open Innovation passe par différentes étapes, qu’il suit à la lettre chez RaiseLab.
- Partir d’un besoin concret
Tout projet d’Open Innovation doit commencer par un besoin concret, clairement exprimé de la part de l’organisation demandeuse.
- Trouver le bon partenaire
C’est l’étape du sourcing d’une start-up (ou toute autre organisation). Cette dernière doit savoir développer la solution qui peut répondre au projet. Une rencontre entre les deux structures est alors possible pour échanger autour du besoin.
- Cadrer le projet
Les deux organisations se sont dit “oui” et sont désormais presque prêtes à travailler ensemble. Avant toute chose, le projet doit être cadré, et ce, sur différents points : les aspects juridiques (grâce à un contrat de propriété intellectuelle entre autres), le business model et la répartition des revenus, le dimensionnement des équipes, les plannings, la gestion des risques, etc.
- Expérimenter la solution
Chaque solution doit être testée en amont avant d’être lancée à grande échelle, c’est ce qu’on appelle le proof of concept (POC). Il a pour vocation de montrer la faisabilité de l’innovation. Une fois le POC validé, l’étape du déploiement peut alors commencer. Elle peut néanmoins passer par une autre étape intermédiaire : la réalisation d’un produit minimum viable (MVP ou Minimum Viable Product). Il s’agit d’une version rassemblant les fonctionnalités élémentaires du produit pour le tester en conditions réelles d’utilisation avant de l’enrichir. Et donc de limiter les risques.
Le rôle des experts-comptables
Les cabinets d’expertise comptable sont au premier rang dans l’accompagnement des entrepreneurs en ce qui concerne les notions de trésorerie ou les besoins en fond de roulement. Dans le cadre de projets d’Open Innovation, ils assurent également le respect des délais de paiement et des conditions générales de vente entre les deux organisations afin que la collaboration se passe au mieux.
D’un autre point de vue, les experts-comptables peuvent, eux-mêmes, faire appel à des compétences extérieures pour innover. Dans un monde qui évolue en permanence, l’Open Innovation peut les aider à atteindre l’excellence opérationnelle, anticiper les disruptions et identifier de nouvelles activités d’accompagnement de leurs clients.
Alors, prêts pour l’Open Innovation ?
Très prisé aujourd’hui, le concept permet de résoudre des problématiques concrètes tout en étant bénéfique pour les deux parties engagées : développement à l’international, augmentation du chiffre d’affaires, gains de parts de marché… Pourtant, malgré ces avantages, seulement 30 % des projets lancés entrent dans des phases d’industrialisation, selon une étude de David avec Goliath. De nombreux freins ralentissent, voire font échouer ce type de projet : une vision différente du projet, un choc de culture (notamment lors des collaborations internationales) ou des processus défaillants… « L’Open Innovation n’est pas une fin en soi, mais plutôt un outil à utiliser à bon escient », estime Paul Jeannest.